Fils de Joseph BOUGERIE, journalier, et de Sylvie Marie Rose MAHÉ, tailleuse, Ernest Marie Joseph BOUGERIE voit le jour le 11 septembre 1888 à La Chapelle-du-Lou (35) au lieu-dit La Saudrais. Il est le 8e d’une fratrie de dix : Jean-Marie (né en 1877 et qui ne fera pas la guerre pour atrophie de l’œil gauche), Marie Joseph (1879), Pierre Marie (1880, qui décède à l’âge de 4 mois), Adèle (1882), Aurélie (1884), Victor (1886, décédé à 3 mois), Céline (1887), Eugénie (1892) et François (1894, également Mort pour la France).

Vers 1890, la famille déménage au Lou-du-Lac au lieu-dit Landrouais. En 1906, Ernest est employé, avec sa sœur Céline, comme domestique au village du Lou-du-Lac.

 

Son recensement militaire se fait à Rennes en 1908 sous le numéro matricule 498. Cheveux noirs, yeux gris roux, le visage ovale avec un menton rond et un front couvert, le jeune homme d’1,59m a un niveau d’instruction 3 et est alors employé comme domestique à Châteaudun (28 – Eure-et-Loir).

Le 7 octobre 1909, Ernest incorpore le 2e régiment d’infanterie de Granville pour son service militaire. Il est fait clairon le 25 septembre 1910. Et le 24 septembre 1911, il est envoyé en disponibilité, son certificat de bonne conduite accordé.

 

En juin 1913, il est domestique à Moutiers (28), puis à Ermenonville-la-Grande (28) en mai 1914.

 

Le 2 août 1914, la mobilisation générale est déclarée.

Ernest est rappelé sous les drapeaux, il rejoint son régiment le 3 août.

Le 2e RI quitte Granville le 7 août et arrive à Vouziers (08 – Ardennes) après deux jours de voyage. Dix jours plus tard, il franchit la frontière belge. Le 22 août, il participe à la bataille de Charleroi (Belgique). Pour Ernest, c’est le baptême du feu.

Après avoir été obligé de battre en retraite, le régiment est dans la Marne. L’offensive générale reprend le 6 septembre du côté de Sézanne. Les combats se poursuivent à l’Est de Reims jusqu’à mi-septembre. Le 19, le 2e RI gagne l’Artois.

Le 2 octobre, il se trouve à Boiry-Becquerelle (62 – Pas-de-Calais) pour enrayer la progression de l’ennemi qui cherche à prendre Arras. La bataille dure cinq jours.

Les semaines qui suivent sont assez calmes.

La prochaine grande attaque a lieu le 17 décembre 1914. Comme le raconte l’historique régimentaire, « le 2e RI a pour mission d’attaquer tout le système de défense établi aux abords de Saint-Laurent-Blangy (62). À peine les premières vagues ont-elles franchi la tranchée de départ que les mitrailleuses ennemies sèment la mort dans nos rangs. » Ce jour-là, Ernest est blessé pour la première fois. Il souffre de « plaie avant-bras gauche, fracture du cubitus gauche, plaie du dos par éclat d’obus. » Évacué, il séjourne à l’hôpital du 24 décembre 1914 au 26 mars 1915. À sa sortie, une permission de 7 jours lui est accordée.

Il rentre au dépôt le 3 avril 1915 et repart au front le 2 juin du côté de Roclincourt (62).

Début août, le 2e RI quitte le Pas-de-Calais pour l’Argonne, dans le secteur de Vienne-le-Château (51- Marne), qu’il occupe jusqu’au mois de mai 1916. Aucun combat n’est mené, mais la fatigue est là puisqu’on organise le secteur, creusant tranchées et boyaux. De plus, des bombardements fréquents bouleversent constamment le terrain.

Le 5 mai 1916, dans le secteur de La Gruerie au nord de Vienne-le-Château, « des groupes de volontaires, sous le commandement de trois officiers, sont chargés de prendre un des saillants de la ligne ennemie. L’opération réussit et la tranchée conquise est organisée pendant la nuit. » C’est lors de cette attaque dans le quartier de Madeleine qu’Ernest est à nouveau blessé et évacué sur l’ambulance 9-10 le 6 mai 1916. Cette fois, c’est pour une « plaie main droite par pétard ».

Le 14 mai 1916, cette blessure lui vaut la citation suivante et la Croix de guerre avec étoile de bronze : « Le 5 mai, faisant partie d’un groupe d’attaque, s’est élancé avec la plus belle bravoure dans la tranchée ennemie. A été blessé en luttant à coups de pétards pour conserver la tranchée conquise. »

Le 22 juin 1916, il est de retour au front et le 26 son régiment prend la direction de la Somme où il s’installe dans le secteur de Méharicourt (80).

Le 31 décembre 1916, le 2e RI gagne la région de Crèvecœur-le-Grand (60 – Oise). Après un mois d’exercices, le régiment se rapproche peu à peu des lignes, dans la Somme.

Le 18 février 1917, François, le jeune frère d’Ernest, décède de la suite de ses blessures à Fismes (51 – Marne). Ernest apprendra-t-il cette triste nouvelle, lui qui se trouve à une centaine de kilomètres de là ?

Après trois semaines de marche, le 2e RI arrive en Champagne. Il est chargé d’attaquer en direction de Nauroy (51 – Marne), au nord-ouest du mont Cornillet. « Le 30 avril, à midi 40, le 3e bataillon, dans un élan admirable, part à l’assaut des organisations ennemies. À peine sorti, il a à subir les feux de mitrailleuses qui, des cornes nord du bois de la Grille, balayent toute la plaine (…) Après plusieurs heures d’une lutte à la grenade, tous les îlots de résistance sont réduits et le bois de la Grille est presque entièrement conquis.»

C’est lors de cette journée du 30 avril 1917 qu’Ernest est tué à l’ennemi par éclats d’obus au Bois de la Grille, au sud de Beine-Nauroy (51).

Le 16 mai 1917, il reçoit la citation posthume suivante et une étoile d’argent sur sa Croix de guerre : « Agent de liaison d’une bravoure et d’un sang-froid merveilleux, a été mortellement blessé en défendant une barricade le 30 avril 1917. »

L’avis ministériel de décès est émis le 26 mai 1917. Ernest BOUGERIE est déclaré Mort pour la France.

 

La nouvelle de son décès et de ses belles citations est reprise dans le numéro de septembre 1917 du bulletin paroissial. Y est également retranscrite la lettre annonçant son décès à sa mère (voir photo).

Son décès est transcrit dans les registres de Montauban le 22 septembre 1917.

Son nom figure sur le livre d’or de Montauban établi par le Ministère des pensions, mais aussi sur les trois monuments de la ville (colonne, église, plaque du cimetière). On le trouve également dans l’historique régimentaire du 2e RI.

 

Son lieu de sépulture n’est pas connu.

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