Fils de François ROULÉ, laboureur, et de Françoise FONTAINE, Pierre Louis Marie ROULÉ voit le jour le 24 août 1889 à Bédée (35) au lieu-dit Rochereul. Il est le benjamin de sa fratrie, mais c’est à Montauban que sont nés ses frères et sœurs aînés : Joseph (né en 1877, décède avant ses 10 ans), Marie-Louise (1878), Marie-Ange (1879), Joseph (1880, qui fera campagne contre l’Allemagne du 11 août 1914 au 23 février 1919), Anne-Marie (1881), François (1884, Mort pour la France, dont le nom figure sur le monument aux morts de Bédée) et Angélique (1885). Pierre est également le cousin germain d’Émile ROULLÉ.

 

Son recensement militaire se fait à Rennes en 1909 sous le numéro matricule 391.

Châtain aux yeux gris-roux, visage ovale au menton pointu, la bouche petite et le front couvert, le jeune homme d’1,63m a un niveau d’instruction 2 et exerce la profession de cultivateur.

Le 3 octobre 1910, il incorpore le 62e régiment d’infanterie de Lorient pour son service militaire. Deux ans plus tard, il est envoyé en disponibilité, son certificat de bonne conduite accordé.

Le 1er octobre 1912, il passe dans la réserve de l’armée active et reste affecté au régiment d’infanterie de Lorient.

En décembre 1912, Pierre quitte Bédée pour s’installer à Montauban-de-Bretagne. Il est alors employé comme domestique au couvent de la Communauté des sœurs de La Providence.

 

Le 2 août 1914, la mobilisation générale est déclarée.

Arrivé au corps le 3 août, Pierre part au front à la fin du mois, le 25 août, pour la retraite de la Meuse. Sa première grande bataille sera celle de la Marne début septembre. Ensuite viennent les combats de la Somme début octobre. Le 62e RI reste dans le secteur de d’Aveluy-Authuille (80 – Somme) jusqu’en juillet 1915.

 

Le 13 mai 1915, Pierre ROULÉ reçoit la Croix de guerre, accompagnée de la citation suivante : « Soldat courageux, toujours volontaire pour les missions périlleuses. »

C’est le Bulletin paroissial qui nous fournit des détails sur les conditions d’obtention de cette décoration : « Pierre nous a raconté [lors d’une permission] qu’étant chargé de communiquer les signaux à l’artillerie, entre T… et P…, pour la rectification des tirs, il avait mérité les félicitations de son capitaine, qui admirait sa bravoure au milieu des dangers. »

Le 25 septembre 1915, le 62e RI prend part à l’offensive de Champagne. Pierre, qui fait partie de la 12e compagnie, chargée du nettoyage des tranchées, est blessé par éclat d’obus à la joue gauche. Il sera soigné à l’hôpital auxiliaire n°5 de Nevers du 29 septembre au 30 octobre 1915. Après une permission de 7 jours, il rejoint le dépôt le 8 novembre 1915.

Le 6 décembre 1915, il part en renfort, toujours au 62e RI. L’historique régimentaire précise que « cette période d’hiver sera pour le régiment une des plus dures de la guerre. Le secteur est très dur, il faut l’organiser défensivement sous des bombardements journaliers (…) Le mauvais état des pistes ainsi que celui des boyaux remplis d’eau et de boue rendent les ravitaillements de toute nature très difficiles, souvent impossibles. »

Le 21 février 1916, c’est la grande offensive allemande contre Verdun. Le 7 mars, le régiment s’embarque en chemin de fer pour Valmy (51 – Marne). De là, les hommes vont progresser par étapes jusqu’à Verdun, qu’ils atteignent le 28 mars. Pendant un mois, le régiment va occuper le secteur et subir des pertes sévères. À partir du 24 avril et jusqu’au au 30 septembre, le 62e sera à l’arrière du front.

Il est de retour à Verdun pour la Toussaint et y restera jusqu’à mi-janvier 1917.

Après une période d’instruction, le régiment se retrouve à Vregny dans l’Aisne jusqu’à mi-avril. Du 17 au 27 avril 1917, il se porte vers le Chemin-des-Dames et occupe le secteur d’Ailles.

Comme le raconte l’historique régimentaire, « le 5 mai, les trois bataillons du régiment attaquent le village d’Ailles (…). Le 62e RI réussit à progresser jusqu’à la tranchée d’Esseu, mais se heurte à une défense opiniâtre d’un adversaire décidé et que notre préparation d’artillerie n’a pas suffisamment éprouvé (…). Dans cette attaque, le régiment subit des pertes très sévères (40 officiers et 900 hommes environ). »

C’est lors de cette journée du 5 mai 1917 que Pierre ROULÉ est tué à l’ennemi.

 

L’avis ministériel de décès est émis le 26 mai 1917.

La messe d’enterrement n’est pas célébrée à Montauban, mais à Bédée, son village natal, le 23 juin 1917. La Communauté de La Providence où il travaillait fait sonner pour lui un glas d’honneur. Le Bulletin paroissial rapporte que « à son dernier voyage à Montauban, quand il fallut regagner la tranchée, Pierre avait comme un pressentiment que c’était sa dernière visite au pays. »

L’acte de décès est transcrit dans les registres de Montauban le 28 juillet 1917. Pierre ROULÉ est déclaré Mort pour la France.

 

Son nom figure sur le livre d’or de Montauban établi par le Ministère des pensions, mais aussi sur deux monuments de la ville (colonne et plaque du cimetière). Il est également inscrit sur le Monument aux morts de sa commune de naissance, Bédée, ainsi que dans l’église de cette dernière. Enfin, il est cité dans l’historique régimentaire du 62e RI.

 

Son lieu de sépulture n’est pas connu.

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