Fils de Joseph BOUILLAN, laboureur, et de Marie EVEILLARD, Joseph Paul Marie BOUILLAN voit le jour le 3 juin 1890 à Montauban-de-Bretagne au lieu-dit La Maladrie. Aîné de sa fratrie, il a une sœur, Marie (née en 1891) et un frère, Paul (1994, engagé volontaire en 1913, il sera au front jusqu’en février 1917, puis à l’arrière pour maladie jusqu’en juillet 1919).

 

Son recensement militaire se fait à Rennes en 1910 sous le numéro matricule 371.

Cheveux noirs et yeux bleu-jaunâtre, visage ovale au front fuyant et au nez rectiligne, le jeune homme d’1,73m a un niveau d’instruction 3 et exerce la profession de cultivateur. Le 7 octobre 1911, il incorpore le 71e régiment d’infanterie de Saint-Brieuc (22) pour son service militaire. Le 23 décembre 1912, il est fait soldat musicien.

Son certificat de bonne conduite accordé, il passe dans la réserve de l’armée active le 8 novembre 1913.

 

Le 2 août 1914, la mobilisation générale est déclarée.

Joseph rejoint son régiment le 4 et part au front le 9 août. Le 17, le 71e RI entre en Belgique. Le 21, c’est la terrible bataille de Charleroi. Le 24 commence la retraite.

Le 25 août, Joseph est évacué sur l’hôpital de Saint-Brieuc pour « furoncle à la fesse ». Sorti le 11 septembre, il rejoint son régiment dans les environs de Reims (51 – Marne), puis s’embarque avec lui pour la région d’Arras (62 – Pas-de-Calais), où il restera jusqu’en juillet 1915.

Du 15 août 1915 au 20 janvier 1916, c’est l’Argonne. Après un court repos, il est temps, début février, de partir pour Verdun (55 – Meuse).

Du 21 février au 2 mai 1916, le 71e RI occupe la région d’Avocourt (55). Relevé le 3 mai, le régiment se rend au repos dans la région de Triaucourt (55).

Du 29 mai au 6 juin 1916 se déroule la bataille de Mort-Homme. Comme le dit l’historique régimentaire, « aucune période de tranchée ne mit autant à l’épreuve la ténacité et la solidité du soldat breton ».

 

De par sa situation de soldat-musicien, le destin de Joseph BOUILLAN ne se joue pas en première ligne. Le guide militaire prévoit en effet que les brancardiers soient recrutés parmi les soldats-musiciens. Leur tâche est la suivante : « après le combat, les brancardiers régimentaires parcourent le terrain pour rechercher les blessés qui n’auraient pas été relevés et achèvent l’évacuation du poste de secours. »

Le 12 juin 1916, Joseph reçoit la citation suivante : « brancardier très brave et très dévoué, n’a pas hésité à se précipiter au secours de ses camarades ensevelis sous une sape effondrée par un obus de gros calibre et les a ramenés sur son dos au poste de secours, malgré un bombardement d’une extrême violence. »

 

Après une courte accalmie et un peu de repos en juillet, le 71e RI embarque le 27 juillet pour la Haute-Marne, direction Thiaumont (55). Là encore, la bataille fait rage du 8 au 10 août 1916.

Le 19 août, Joseph est évacué de Thiaumont sur l’ambulance 2/38, puis passe le même jour à l’ambulance 20/1 et enfin à l’ambulance 6. De là, il est dirigé sur le train sanitaire 10 B le 20 août et arrive à l’hôpital temporaire de Vittel (88 – Vosges) le 21 août. Il y restera pour « courbatures fébriles » jusqu’au 21 septembre 1916. Il rentre au dépôt le 28 septembre et rejoint son corps au front en Champagne après permission. « La fin de l’année 1916 se passe dans cette région sans grand incident. »

L’hiver, glacial, est une période d’entraînement. Le 14 février, le régiment part vers la Somme. Le 24 avril, retour du côté de Reims, cette fois dans le secteur du Mont Cornillet.

Le 30 avril, la bataille commence, par un bombardement d’artillerie lourde, avant que les mitraillettes allemandes ne se dévoilent subitement. Les pertes sont lourdes : 704 hommes tués. Mais ce n’est pas en combattant que Joseph BOUILLAN est tué.

Le Journal de Marches et Opérations du service de santé donne un autre point de vue de la bataille du Mont Cornillet :

« Régime d’évacuations, secteur du Cornillet, du 25 avril au 2 mai 1917. Avant l’action, 4 postes de secours ont été installés. Fonctionnement : Le poste du 2e bataillon, placé au centre de l’éventail formé par les 3 bataillons, reçoit environ 200 blessés, immédiatement évacués par les musiciens, sans pansement comme convenu, à moins de nécessité impérieuse. »

C’est donc en se portant au secours de ses camarades blessés que le musicien-brancardier Joseph BOUILLAN est tué à l’ennemi.

 

Le 21 mai 1917, il reçoit la citation suivante à titre posthume accompagnée de la Croix de guerre : « musicien brancardier très brave et très dévoué ; a fait toute la campagne, recherchant toutes les occasions de se rendre utile ; a été tué le 30 avril 1917 par un obus au cours d’une attaque. »

L’avis officiel de décès est émis le 29 mai suivant et il est transcrit dans les registres de Montauban le 10 août 1917. La date officiellement retenue pour son décès est finalement le 1er mai 1917. Joseph BOUILLAN est déclaré Mort pour la France.

 

À Montauban, la nouvelle de son décès arrive rapidement. Le bulletin paroissial mentionne qu’une messe solennelle d’enterrement a été célébrée le 27 juin en l’église. Il indique également que « Joseph BOUILLAN faisait partie de la musique de Montauban ; au régiment, il avait beaucoup étudié et il était devenu le chef de pupitre des basses. »

 

À la Toussaint, le bulletin rapporte que, là où il est enterré (le lieu exact n’est pas précisé), « sa tombe est la mieux ornée » et que c’est « sa compagnie qui s’est chargée de cette décoration souvent rafraîchie. »

 

Son nom figure sur le livre d’or de Montauban établi par le Ministère des pensions, mais aussi sur les trois monuments de la ville (colonne, église, plaque du cimetière).

 

A la fin de la guerre, la famille a demandé à ce que son corps soit rapatrié. Joseph BOUILLAN repose donc dans le caveau familial au cimetière de Montauban.

 

Famille BOUILLAN

 

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